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Variation

Fou du roi

Elle est nue. Un œil rouge souligne sa gorge profonde.

États Unis/New York. Les silhouettes désincarnées des buildings créent un espace vide de sens/de vie. Ils lancent des ombres décharnées à la recherche d’un absolu. Le vent roule en cascade, soulève des tapis de poussière. Bruit de sifflement planant. No man’s land sauf un. Aussi fin et long que les pics de verre, fonte et acier. Plus noueux que le chêne vide de sève. . Il marche. Noir. Épouvantail sans Oz, il résiste aux avanies/intempéries et se fond dans le paysage. The Crow. Il fend l’air de ses tourments. Un couvercle de nuage gris comme son cafard plane au-dessus de sa tête. Le ciel est bouché. Oxygène restreint. Son profil effilé se tend, à bout de souffle. La couleur froide se glisse et s’insinue. Touche à son âme. Il n’aura pas de répit. Sa tempête intérieure déchaîne les éléments. Reflets de son errance/désespérance. Il courre vers son salut : la fin du monde. Il la voit dans ses rêves.

Elle s’habille, met un boxer short. Sa grâce, sa langueur. Elle se prépare soigneusement pour leur rendez-vous.

Il avance, déterminé, à la rencontre de son destin. Il se précipice vers sa mort/suicide. Entrelacs de ruelles sombres. Il ne cherche pas son chemin. Ambiance glauque et acide du labyrinthe sans fil. Ariane s’est barrée. Petit Poucet des temps modernes. Le chemin n’est plus marqué que par des pilules extasie. Tenir jusqu’au bout de la nuit. Il ne se trompe pas, sûr de lui. Enfin, il se perd dans les méandres de transpirations et de fumée. C’est là, il le sent. Il le sait. Il respire derrière lui, l’odeur vert-marine de son sexe.

Elle enfile une jupe qui souligne sa taille et dévoile ses hanches accueillantes. Sous sa veste, elle ne met rien. Rien que la pointe de ses seins.

Il traverse la foule sans la voir. Il bouge au rythme envoûtant de la techno. Un cercle autour de lui. Il danse/transe. Pantin de chair désarticulé, il ne leur accorde pas même un regard. Ses bras volent vers un ailleurs. La musique sursaute. Son sourire se fige. Le hip-hop se fait mouvant/flexible. Tous ses sens en alerte. Les hurlements citadins. Il la voit. Cauchemar éveillé. Il ferme les yeux. Son sexe en érection. Rage/chat sauvage. Ses longs doigts se contractent, deviennent des serres, mains étrangleuses. Il tue le DJ qui dans un dernier souffle reconnaît son erreur. Le crissement du diamant sur le disque mobile. Il tourne la tête. Elle n’est plus là.

Elle se maquille virtuellement. Une légère touche de coquelicot empoisonne définitivement ses lèvres.

« La seule façon de traiter avec un monde non libre est de devenir si absolument libre que votre existence même est un acte de rébellion. »

Albert Camus