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Variation

Trop de sable

Il est assis dans un canapé. Il est couché, cassé, bourré. Elle lui dit de manger. L’araignée avança droit sur le coin de la pièce. Je la regardais d’un œil distrait. Je sentais bien qu’autre chose de plus important se tramait dans cette pièce vide pour laquelle j’avais du verser plusieurs tonnes de sable à son propriétaire.
Des tonnes de sable. Suffisantes. Du sable pour recouvrir le cadavre. Des tonnes de sable. Insuffisante. Le cadavre de mon passé désossé. Alors, vous pensez, l’araignée, elle me faisait marrer. « Tisse ta toile et me fait pas chier ! » Je lui dis. Soudain, à travers le voile des cris de mon esprit, elle sourit. Qui ?
Moi, l’araignée, je me moquais bien de cet être dit humain piqué au milieu de la pièce. Ma toile était tendue depuis longtemps.
Et pourtant, je restais là, à regarder l’araignée, pensant aux tonnes de sables. Je le voyais bien qu’elle et moi ne faisions qu’un.
J’attendais seulement qu’il fasse un pas. Faux forcément. Le moment est venu.
J’entrepris de faire le tour de la pièce. Sans prendre garde, j’écrasais l’araignée. Mon corps froid et mort gisait au centre de la pièce. Quoi ?
La vie tient à si peu de choses, un être dit humain, une toile et moi…
La vie tient à si peu de choses, une araignée, une toile et moi… Moi pris à mon propre piège, de poussière et de regrets.
Plus rien ne bougeait dans la pièce vide. Vide de mon regard sur l’araignée morte. Vide de mon cœur qui a cessé de battre depuis longtemps. Vide de l’air suspendu à cet instant.
Le souffle manquait. Je ne peux plus respirer. Je réintégrais mon corps mort. Le sable coulait doucement sur moi. Petit à petit, il me recouvrait complètement, s’introduisant dans mes narines et ma bouche. J’étais mort. Je savais bien que quelque chose d’essentiel se tramait. J’allais me retrouver.

« La seule façon de traiter avec un monde non libre est de devenir si absolument libre que votre existence même est un acte de rébellion. »

Albert Camus