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Variation

Dialogue avec Dieu

Oups, Dieu m’a parlé. Dieu me parle. Il me murmure à l’oreille.

– Quoi, Dieu ? Parle plus fort s’il te plait, je ne t’entends pas.
– Bon, ça va ! Je ne vais pas hurler quand même.
– Oui mais moi, je ne suis pas Jeanne d’Arc… Et en plus, j’utilise pas de coton tige.

Mais pourquoi je dis ça moi ?

– Tu devrais.

De quoi je me mêle ! Il a du culot celui là.

– Dis, t’as rien d’autre à faire que t’occuper de mes oreilles ? Tu veux que je le transmette ton message ou pas.

Il grommelle, il soupire. Je soupire.

– Pff…
– Ça va, ça va, tu leur diras…
– Quoi ?
– …
– …
– Tu leur diras…
– …
– Tu leur diras… Merde, j’ai oublié ! Chiez bordel de chiotte de nom de Dieu !

Ouf. Uppercut. Je ne crois pas en Dieu. Mais ça me fait bizarre de l’entendre parler comme ça. Faut pas exagérer non plus. Et s’il existait ?

– Heu, Dieu, faut pas exagérer non plus.

Il bougonne, il est mal. Il me fait de la peine.

– Laisse tomber. T’inquiète. Je ne leur dirais pas que tu sais pas quoi leur dire. Je leur dirais que tu fais un break. Voilà. Ou que tu prends des vacances.
– Je ne prends jamais de vacances.
– Tu ne prends jamais de vacances ?
– Tu as vu comment c’est quand je n’en prends pas, tu imagine si j’en prenais.
– Alors tu as une grippe ? Tu prends bien des congés maladie.
– Des congés maladies ! Et puis quoi encore ! Pourquoi pas des RTT.

Oh ça va, pas la peine de me la jouer comme ça. Il est désagréable celui là.

– Dis c’est pour aider moi hein ce que je dis.
– Pas la peine de m’aider en disant des conneries !

Non, mais il va arrêter de me parler comme ça !

– Je me souviens ! Tu leur diras que j’en ai ma claque de récupérer leurs conneries et que s’ils m’écoutent pas, ça va chauffer pour leurs fesses ! Et dur encore ! Voilà !

Il hurle. Moi, ça me chauffe les oreilles. Je n’aime pas les gens qui hurlent !

– Ça va ! Pas la peine de crier comme ça ! Je ne suis pas sourde !
– Je ne crie pas !
– Si tu cries !
– Je ne crie pas ! Et même si je criais ! Je fais ce que je veux ! Je suis Dieu !
– Ouais mais sans moi, tu peux pas grand chose !

Et toc !

– …

Ah, ça t’en bouche un coin, Dieu.

– …
– …
– …
– Tu leur diras ?
– …
– S’il te plait.
– …
– …
– …

Je savoure un peu. Il me regarde l’air suppliant. Bon, ne fais pas ta maligne, c’est Dieu quand même. Je ne suis pas superstitieuse mais je ne passe pas sous les échelles. Et Dieu, vaut peut être mieux éviter de le contrarier.

– D’accord.

Il sourit drôlement. C’est bizarre… il a l’air comme… comme s’il était sûr de la réponse. Je me demande si je ne me suis pas faite avoir dans l’histoire.

– Vas, tu es ma voix.

Il disparaît. Et Dieu, me laisse pas comme ça. Je fais quoi moi ? Je suis sa voix. Sa voix ?

– Putain ! En fait je suis peut être bien Jeanne d’Arc.

Et voilà, il fallait que ce soit sur moi que ça tombe. Je te jure, j’aurais mieux fais d’utiliser des cotons tige.

« La seule façon de traiter avec un monde non libre est de devenir si absolument libre que votre existence même est un acte de rébellion. »

Albert Camus