Bienvenu.es ! Vous trouverez ici toute mon actualité !

Nouvelles du monde

Solidarités d’enfants

Je suis à la gare de de Valence avec Catherine et Neyla, ma sœur et ma fille, je rentre un peu plus tôt avec Neyla à Paris pour voir un médecin, elle est couverte de boutons depuis 10 jours, et ils ne se guérissent pas, un notamment au coin de la bouche. C’est comme ça et ça me fend le cœur. La peur. La culpabilité. J’ai peur, de ne pas faire assez bien, de ne pas l’avoir protégée, de ne pas lui avoir épargnée une difficulté. J’ai peur qu’elle soit défigurée, j’ai peur des cicatrices, j’ai peur que son immense beauté soit altérée, j’ai peur du mauvais œil soudain, les marocaines, disent que tu dois dire à une enfant qu’elle est moche pour éviter qu’elle s’attire le mauvais œil justement. J’ai tellement dit à ma fille qu’elle était belle, on le lui a tellement dit, lors de nos premières vacances ensemble, jusqu’à cette jeune fille marocaine justement, « – Je vais toucher du bois, beaucoup, pour que Dieu protège sa beauté. » La parole parfois est magique, elle a le pouvoir qu’on lui donne, celle-ci m’a marquée. Je me dis qu’il faut faire attention au poids des mots. Mais je sais bien que tous les enfants tombent, s’écorchent, se font du mal. Je sais bien que je ne peux pas tout contrôler, je sais bien que son pronostic vital n’est pas engagé, je sais tout ça. Alors, j’ai laissé faire, j’ai soigné du mieux que je pouvais, j’ai peur que ce ne soit pas assez. Je me demande comment font les parents qui ont un enfant malade, vraiment malade. Ils doivent avoir un sacré courage. Je ne sais pas comment je ferais, je me dis que j’ai encore des choses à apprendre. Oui, beaucoup. Pour être mère. Pour être femme. Pour être sereine. Pour accepter. Parce que Neyla peut être malade un jour aussi, je sais. Et je sais que l’enfant, l’enfance, la vie est changeante, il s’agit oui, de l’accepter.

Mais là, je n’en suis pas là. Nous sommes à la gare, Catherine, Neyla et moi et hier, nous étions au restaurant avec Ethan, mon neveu, il a 14 ans, et Mattéo, un de ses copains, et c’était bien. Cette semaine de vacances ensemble était douce, avec les boutons et les peurs, la journée oubliés, vraiment douce, d’une fluidité sans heurt entre jeu, piscine, village, rivière, apéro et déjeuner, chacun son rythme et ses activités et pourtant tous ensemble. J’ai été si touché de voir Ethan devenir le cousin de Neyla pour de vrai, de voir son regard changer, de voir Neyla couchée près de lui et aussi de Mattéo, l’enfance et l’adolescence réunies. Oui, j’ai été si touchée, quand ils disaient de leur lit, encore à moitié endormis, « – Bonjour Neyla. » Et puis, aussi par leur manière de la prendre en compte, de la tenir dans leur bras, c’était la première fois qu’ils tenaient une petite enfant, un bébé, dans leur bras, c’était doux, c’était tendre. C’était joli. Ethan lui a même donné le biberon. Et puis, Catherine et moi, « les mères », comme disaient Ethan, il s’est repris une fois, hésitant, c’est la première fois pour lui et pour moi que je suis mère aussi, depuis que sa mère l’est devenue, il y a 14 ans déjà, un peu adolescentes parfois, dans des fous rires et des jeux de fantôme ou de belote, de pistolets à eau ou de water-polo, et d’enfance aussi, dans des sourires et des joies soudaines.

Oui, je me dis que j’ai passé des vacances formidables, mes premières vacances avec Neyla. A Trouville déjà, dans une longue lune de miel, en tête à tête, avec de belles rencontres, des femmes qui deviendront je le sais des amies. Et puis, ici, à Saillans, avec ma famille, et ces trois générations, l’enfance, le bébé, l’adolescence et l’adulte. C’était bien, vraiment bien. Je pense à tout ça sur le quai de la gare de Valence. Je pense à ma chance, à ma joie. Je pense que j’ai eu une place en crèche familiale. Je pense que cette rentrée s’annonce bien, différente, que je dois travailler, que les choses vont se faire, même si je suis malgré tout un peu fatiguée. Un enfant, seule, est un travail à plein temps, c’est vrai, on le dit mais c’est vrai et surtout, comme dirait un ami qui m’est cher, qui a lui deux enfants, seul, mais à mi-temps, « – Tu supportes seule la charge mentale. » Je ne me rends pas compte parce que mon cerveau est sans cesse occupé, parce que je me réserve des plages de liberté, parce que je n’ai pas cessé de lire et d’écrire, de créer, de danser et de doubler et de former, de faire du yoga et d’écouter la radio. Parce que je trouve avec Neyla des solutions créatives pour faire tout ça avec elle, et, en plus, oui de trouver des baby-sitters, et une place en crèche familiale donc, un pédiatre, la CAF, la SECU et le reste, qui concerne l’organisation de la vie d’un enfant. Je me dis soudain que je dois absolument trouver un appartement et aussi de l’argent, c’est dans le planning de la rentrée. Ça fait un travail à plein temps, oui. Je ne m’en rends pas compte parce que Neyla est douce et belle et pleine de vie, parce qu’elle fait ma joie, mais je sais que je suis parfois très fatiguée et qu’il s’agit de le dire aussi. Et je pense à toute les femmes qui sont dans mon cas, sans homme et sans famille. Et encore, dans mon cas, il y a ma sœur, et il y a mes amis, et que je suis épatée de la chance que j’ai, de la solidarité qui s’est mise en place, et de la générosité. Et je pense, aussi, ça n’a rien à voir mais quand même si j’imagine, que quand je suis partie en vacances, il y a 6 jours, et que Catherine est venue pour m’aider entre mon énorme valise et Neyla, j’ai sorti une poubelle et dans le local à poubelle, un homme dormait, je ne savais pas quoi faire, j’ai refermé la porte et j’ai pleuré, là d’un coup. J’ai trouvé ça si triste, cette solitude, cette misère. Qu’est-ce qui peut emmener à ça ? Je pense à tout ça sur le quai de la gare et, en arrière-plan, cette histoire de boutons me travaille, comme une épine dans le pied, c’est parfois dans ces choses-là que, soudain, ce n’est pas facile. Là que l’angoisse se loge. Que faire ? Comment faire ? Comment faire quand une enfant peine si fort à s’endormir qu’elle s’arrache ses pansements et ses boutons ? Je peine moi à prendre de la distance. Le train arrive, je ne pouvais pas changer mon billet, le mien est pour demain, tant pis, on verra bien, au revoir, au revoir. Je monte avec Neyla, le wagon est plein de jeune gens, des adolescents, il y a des enfants aussi. Ma sœur a dit une colonie. En d’autres temps, j’aurais fui, trop de bruit, mais là, je ne sais pas pourquoi, je me dis que je suis bien là, que nous sommes bien là. Neyla est dans sa poussette, un lange opaque fait de l’ombre et l’isole, je lui ai laissée son lange doudou pour dormir, celui avec des étoiles que je ne lui avais pas donné depuis une semaine pour qu’elle ne se frotte pas le visage, mais là, le train, tout ça, je lui ai donné. Je m’installe dans un carré où une jeune fille somnole, je laisse la poussette de Neyla au milieu de la rangée, entre nous deux. Une autre jeune fille me dit, « – Ce sont des places à nous. » Je lui dis que je sais, que c’est juste pour la petite, que si ça ne dérange pas. Non, non, ça ne dérange pas, elle voulait juste me prévenir au cas où je devrais changer de place un peu plus tard. OK. Merci. C’est cool. Je m’installe, je berce Neyla dans la poussette, parfois, je lève un peu le lange, elle a les yeux fermés mais elle n’arrive pas à dormir. Un bébé qui n’arrive pas à dormir dans un espace clos, c’est très compliqué. Que faire pour l’aider ? Neyla se met à pleurer. Bon, je la berce, ça ne marche pas. Je la remets dans sa poussette. Elle pleure. Je me dis que ces moments d’impuissance sont terrifiants, pour moi. Je demande à une adolescente à côté si elle peut parler un tout petit peu moins fort, le temps que Neyla s’endorme. Elle dit oui, elle dit c’est normal. Je trouve ça adorable. Pareil pour un garçon qui dès qu’il rit claque des mains. Ok. Merci. C’est vraiment gentil. N’empêche, Neyla pleure. Trop. Je soulève le lange et elle a enlevé son pansement avec le lange et elle a frotté son bouton et elle est toute écorchée, une plaque rouge et suintante au coin de la bouche. Je la soulève, un peu paniquée, ça va aller mon bébé, je la pose à côté de moi, je désinfecte, c’est laid, je mets de la crème, un pansement. J’ai assuré, hyper technique. Je la prends contre moi, elle a arrêté de pleurer. Et là, mon téléphone sonne, un ami, un proche ami, une de ces personnes sans qui ma vie ne serait pas ce qu’elle est. Je vois que c’est lui, je décroche, ça va ? Et là, d’un coup, c’est moi qui me met à pleurer. Trop de tensions accumulées, non ça ne va pas, elle vient de s’arracher un bouton, j’ai peur, que ça s’infecte, qu’elle soit défigurée, c’est de ma faute, je n’aurais pas dû lui laisser le lange. Tout ça pour tout le reste bien sûr, tout le reste, tous les risques, mais c’est là que ça prend. Je pleure à chaudes larmes et Neyla me regarde, ça va ma puce, ça n’a rien à voir avec toi. Je sais qu’elle comprend mais je sais aussi qu’elle me regarde entre sourire et désarroi, qu’est-ce que je fais si Maman pleure, je dois la consoler, prendre sur moi. Je sais que ce n’est pas à elle de le faire, je sais que je devrais juste arrêter de pleurer mais je n’y arrive pas, elle va avoir des cicatrices, c’est de ma faute, je n’ai pas empêché les moustiques de rentrer. Je pleure et la jeune fille en face me dit, « – Ça va madame, vous voulez me la laisser, aller prendre l’air. » « – Non, merci. » Ce réflexe, toujours le même de, je peux m’en sortir seule, c’est à moi de gérer. Et je pleure et Neyla me sourit mais dans ses yeux je lis donc du désarroi. De la peur ? Alors d’accord, oui, je veux bien, s’il vous plait, je dis à Neyla, je vais te laisser avec la gentille jeune fille, je vais respirer et je reviens, d’accord ? D’accord. Elle n’a pas la possibilité de me dire d’accord, c’est donc une question en l’air mais je la pose, je pose Neyla dans les bras de cette jeune fille que je ne connais pas et je vais sur la plateforme, je pleure toujours, j’aurais dû faire autrement, j’ai peur, si peur, je ne sais plus quoi faire quand elle n’arrive pas à dormir et qu’elle se met dans cet état-là, et qu’elle se fait du mal de surcroit. Je pleure et c’est moi qui suis une enfant maintenant. Mon ami me parle, me rassure. Mes larmes coulent sans que je puisse les arrêter. Une jeune fille passe et me donne une bouteille d’eau. « – Vous voulez de l’eau. » Sa question vient après qu’elle me tende la bouteille. J’ai failli dire non, je n’ai pas eu le temps, je la prends. Je remercie. Je bois une gorgée, ça fait du bien. Je respire et je bois et ça fait du bien. Je remercie la jeune fille et mon ami. Je retourne dans mon wagon et je retrouve Neyla paisible dans les bras de la jeune fille que je ne connais pas avec à côté d’elle une petite fille, et en face une autre petite fille. Elles parlent, elles sont bien, la tranquillité du wagon d’enfants. Je ressens une solidarité d’enfants. Tout autour de moi que des enfants soudain, moi y compris, l’enfant en moi et Neyla, mon enfant, même bébé, et ces enfants et ces adolescents, à peine sortie de l’enfance. Je souris. La petite fille se lève, me laisse ma place. Je m’assois. La jeune fille que je ne connais pas me demande si je veux aller me chercher quelque chose à manger. Mais non, merci, cette fois pour de vrai. Je souris. Je prends un temps calme. Je laisse faire, elle s’appelle comment Madame votre fille, Neyla, elle est belle, je souris. Oui, bien sûr elle est belle. Définitivement belle. Et ses yeux. Et ses cils. Et le reste. Et son âme.

La jeune fille que je ne connais pas s’appelle Julie, elle a 19 ans, elle revient de 3 semaines comme animatrice en Espagne, c’est bien une colonie. 122 enfants, adolescents, de 4 à 17 ans et les animateurs à peine plus âgés. Le plus vieux a 26 ans. Elle a adoré. Un garçon qui est apparu aussi, il me montre des photos, ils avaient un lieu que pour eux. Il avait une piscine. C’était bien. Je reprends Neyla dans mes bras, c’est l’heure du biberon, j’ai proposé à Julie de lui donner, si elle en avait envie. « – Non, non, ça non, je ne peux pas, je ne sais pas faire avec les bébés. » Elle dit ça. Elle ne sait pas faire avec les bébés. « – Mais si vous savez faire très bien à ce que je vois. » Un petit garçon d’une dizaine d’années lui demande pourquoi. Elle répond qu’elle ne sait pas, que c’est comme ça, mais si elle s’en occupe très bien, en tout cas de Neyla. Elle était responsable des 8-12 ans à la colonie. Ils viennent principalement de Paris mais de la France entière. Elle est du nord, au-dessus de Lille. Elle veut faire du sport, de la course, de fond, elle se prépare pour le marathon. C’est une chouette fille et je donne à Neyla son biberon, pendant qu’une autre petite fille Lili-Rose la regarde fascinée. Julie se moque gentiment, elle croque dans un sandwich, c’est l’heure de manger des enfants, il est midi. Lili Rose raconte sa vie, elle, elle a eu un sandwich au thon pas bon, elle l’apporte, Julie le goute et se rince la bouche, pas bon vraiment, Lili-Rose raconte que ses parents font à manger bio tout le temps. Je souris et le rot et Neyla apaisée et moi aussi, je la remets dans sa poussette. Une petite fille lui parle. « – Comme tu es jolie. » Elle l’est tout autant. Et les contrôleurs passent, deux femmes. La première jeune fille, celle qui m’a dit que toutes les places étaient réservées pour eux, et d’un coup je me dit que c’est elle qui m’a donné la bouteille d’eau mais je n’en suis pas sûre te je ne le saurais jamais, leur dit qu’ils sont un groupe, ce n’est pas elle qui a le billet mais elle va le chercher. Effectivement 122, et 3 wagons rien que pour eux et Neyla et moi parmi eux. Ah ok. Une des contrôleurs s’arrête devant moi, « – Vous vous n’êtes pas dans le groupe. » Non effectivement, je suis beaucoup plus vieille une adulte normalement et Neyla est beaucoup plus petite, un bébé, même si elle est mon enfant et que souvent, je vois, en elle, la petite fille et même la jeune fille qu’elle sera. Non donc, effectivement. Et je suis désolée, je n’ai pas de billet pour ce train, le mien est pour demain, je suis désolée, je rentre plus tôt pour ma fille. La contrôleur avec son grand sourire est désolée, je dois avoir un billet pour ce train. Je comprends, je vais le payer. Elle me fait un prix d’ami, le même prix que si je l’avais pris en gare, 122 euros comme 122 enfants, et je sais qu’elle me fait une fleur, je remercie. Elle est désolée et elle le dit. Elle est gentille. Oui, vraiment. La jeune fille revient avec son billet pour les 3 wagons. La contrôleur valide. Je cherche toujours ma carte bleue. Je remercie. Elle est toujours désolée. Alors la jeune fille tente un. « – On a trop de places pour nous et celles-ci sont à nous, ça ne pourrait pas marcher ? » Et la contrôleur dit OK. OK, vite avant que mon chef ne le voit. OK et même votre billet pour demain, faites le vous rembourser. Je ne le ferais pas, je ne crois pas qu’il le soit et dans tous les cas, je ne l’aurais pas fait, mes principes d’honnêteté, encore plus quand je rencontre l’humanité et cette contrôleur l’est, l’humanité et la jeune fille aussi, et Julie, et Lili-Rose et les autres. Je remercie, tellement, la contrôleur qui s’en va, Julie qui reste là, la jeune fille que j’embrasse, d’un coup. Julie dit que c’est normal. Peut-être mais ça ne l’est pas tant que ça et dans tous les cas, ça fait du bien. Et puis, un jeune garçon qui a l’âge d’Ethan à peu près vient s’assoir à côté de Julie, il s’appelle Nelson, il trouve Neyla si belle, si belle, elle est si belle votre fille, elle ressemble à ma sœur, il me montre une photo de sa sœur qui ne ressemble pas à Neyla et, est si belle aussi. Il parle à Neyla, il joue, j’ai raconté l’adoption, Julie a été touchée mais dans ce wagon, nous nous sommes tous adoptés. Julie part et puis revient. Nelson reste, une petite fille arrive et reste un moment et repart. Lily-Rose reprend sa place. Et ainsi va le reste du voyage.

Je pense que j’ai de la chance. J’ai appelé Catherine, je lui ai raconté vite fait, il n’y avait plus rien à dire de la peur mais de l’amour et de leur générosité, à tous et à cette contrôleur qui d’un coup étaient elle aussi avec nous, ni adulte, ni parent, ni même enfant, juste là. Et Catherine a dit, il y a au moins ça. Oh que oui, il y a surtout ça.

Nous arrivons en gare et je souhaite une bonne course à Julie qui elle me souhaite plein de belles choses et à Neyla. Une jeune fille que je n’avais pas vue me propose de me porter un sac. J’ai failli dire non et puis j’ai dit oui. Nelson me propose de m’aider avec la poussette, nous sommes à l’étage du TGV et ce n’est pas de refus. Sur le quai, je remercie encore. Merci jeune fille. Merci Nelson. Neyla sourit. C’est la vie. Une histoire de solidarité d’enfants, vraiment.

Le lendemain, c’est Ethan et Mattéo qui montent ma valise énorme que j’avais laissée avec eux à Saillans. Ils la montent sur 4 étages simplement. Je remercie, vraiment, c’est normal. Entre temps, j’ai appelé SOS médecin et je suis allée aux urgences de Trousseau, Neyla fait a priori une purulose, elle se propage les bactéries de ses piqures, j’ai changé de traitement et il a l’air de marcher. J’ai été sa mère, sans pleurer, en mettant mon enfant de côté pour mon enfant. J’ai Neyla dans les bras. Ethan l’embrasse pour lui dire au revoir. Les garçons redescendent l’escalier. Merci pour la valise. Et pour la semaine. Mattéo se retourne, oui, merci pour la semaine. Merci pour la vie.

« La seule façon de traiter avec un monde non libre est de devenir si absolument libre que votre existence même est un acte de rébellion. »

Albert Camus